mercredi 11 avril 2007

Livre : Double vie / Pierre Assouline

Amis bloggers je vous l'avais promis, j'ai relu pour vous cette semaine mon roman favori pour vous en livrer une critique fraîche, objective et dénuée du voile embellisseur du souvenir...

Alors voilà, j'ai tout d'abord pu constater que si elle avait tant aimé ce livre, la goupette plus jeune était une incorrigible romantique et un poil intello ! (c'est stylé de parler de moi à la 3ème personne, mdr !).

Cette histoire est tout simplement sublimement écrite, dans une langue française rare aujourd'hui, avec une maîtrise parfaite des mots et une mélodie littéraire douce, douce, douce... C'est trop beau ! On y retrouve pleins de mots qu'on connaît pas forcément (ou peu) et qu'on (re)découvre avec curiosité et entouthiasme : sarabande, lippues, licencieuse, détumescence, callypige, miction, etc etc... Arf, j'adore ! Evidemment, certains trouveront que c'est, comment dire... chiant, mdr, mais bon j'avoue je suis fan...

Si je vous parle du style de l'auteur avant de vous parler de l'histoire, c'est parce que cette dernière pourrait ne pas faire l'unanimité puisqu'elle traite d'amour, de passion, d'adultère et de résignation donc là évidemment, si ce n'était pas le cas avec le style très travaillé, je viens de perdre tous les garçons qui restaient (ouuuhh la vilaine féministe et ses à priori) !

Le pitch donc (et non Drawman, pas celui au chocolat) :
C'est l'histoire banale d'un homme qui, après 15 ans de vie conjugale et 2 enfants, fait le constat désolant qu'il n'a rien en commun avec celle qu'il a épousé, il s'ennuie, il est devenu cynique, a perdu ses repères... Evidemment, il a une maîtresse, la sensuelle et mystérieuse Victoria, et ne vit que dans l'attente des moments intenses et fanstasmagoriques qu'ils partagent au fil des semaines dans un parking, un débarras, un ascenceur, une garçonnière... Et puis soudain, elle disparaît ! Et commence alors la lente agonie de l'absence, l'angoisse du manque, le trouble d'être coupé d'une partie de soi, la prise de conscience de la tristesse quotidienne quand l'amour n'est plus là pour tout illuminer...
C'est triste et vrai, on se prend d'empathie pour cet anti-héros qui trahit sa femme et qui souffre malgré tout et on a même pas envie de dire "bien fait pour lui" !

Pierre Assouline dépeind avec justesse le manque et la passion, écrit l'érotisme sans vulgarité, décrypte à merveille la bourgeoisie parisienne et plonge totalement le lecteur dans l'angoisse des sentiments jusqu'à la fin, saisissante, qui constitue la clé de voûte de la thématique !

Pour ceux que le sujet ne tenterait pas, sachez que le premier roman de Pierre Assouline, "la cliente" est tout aussi excellent, avec pour toile de fond la seconde guerre mondiale, la résistance et la collaboration, glaçant !

Bonne lecture, c'est un peu dense mais ça en vaut la peine !

Goupette, 17/20

P.S : je ne résiste pas à l'envie de vous livrer un petit extrait
"Ils avaient conscience que, après s'être simplement aimé, ils s'aimaient encore. Quand il leur arrivait de ne plus s'aimer, ils s'accomodaient de la situation. Non plus par instinct, ni par hantise de l'inconnu, mais par calcul : les raisons de rester ensemble étaient plus nombreuses et plus profondes que les motifs de séparation. Réalisme, résignation ou cynisme, qu'importe le terme, il variait selon les humeurs et les circonstances. Surtout ne pas le figer puisque, au fond, il désignait un état d'âme à géométrie variable. Une certaine solidarité les maintenaient de concert, même si l'adversité des premiers temps s'était dissipée. La conviction de se croire indispensable l'un à l'autre les cimentait plus sûrement que bien des serments. Car rien ne mine un couple comme le sentiment d'être remplaçable."

7 commentaires:

Keil a dit…

ZZZZzzzz, oups pardon, je me suis endormi pendant l'extrait.
Bon, je déconne. A mon avis, c'est comme un bon Derrick, si t'as pas vu le début, tu comprends rien. En tout cas, je salut ton courage. Je ne me rappel pas avoir relus un livre que j'avais déjà lu depuis "les contes de la rue Brocca" en primaire.
En tout cas, si vous avez aimé de ce livre, n'hésitez pas à poster car la critique reste bien faites...:o)

Anonyme a dit…

Je n'ai pas eu la chance de lire ce livre, mais j'ai fait partie d'un cercle littéraire qui comptait nombreux adepte de cette oeuvre. Cependant je conçois que ce livre n'est pas à porté de tout le monde. Il faut peut être avoir un certains gout littéraire pour se laisser envouter par ce livre. Mais pour ceux qui ont le courage de se laisser embarquer et qui aime la littérature sentimentale, ce livre doit être une perle. Je vais surement me le procurer d'ailleurs, car vous êtes la deuxième personne à me parler de ce livre ce mois ci. Une telle coïncidence ne peut être qu'un signe :o)

Keil a dit…

Hé, à peine posté mon commentaire qu'en voila un autre et après mettre un peu moqué du livre, je me prend direct dans les dents que je ne fait pas parti du cercle d'initié qui peux lire ce livre. Et bien pour la peine, je vais le lire tiens...;o)
Euh, peut être pas en faite.
Par contre, je comprend qu'il faille aimer le genre. Moi qui est lu pas mal de roman sentimental (attention, pas des romans à l'eau de rose...:o) j'aurai pu aimer. Mais là, j'avoue que je suis pas sur d'avoir le courage...:o)

Goupette a dit…

Franchement c'est pas sentimental au sens eau de rose et gnagnagna, c'est purement et simplement une analyse de l'humain dans toute sa complexité, la trame de fond c'est une histoire de couple mais à part ça, c'est tout pour le couplet super love !

Anonyme a dit…

Désolé, je ne voulais pas paraitre déplacée. Ce que je voulais dire, c'est qu'il faut aimer le genre pour apprécier un tel livre "que je me suis d'ailleurs procuré"
Je vous tiendrais au courant de mon avis.

Anonyme a dit…

Merci pour la référence et cette sympathique critique littéraire. Mon vécu est quelque part assez proche de celui du héros de ce livre, et je suis par ailleurs un grand fan des romans psychologiques de Kundera auxquels l’extrait de « double vie » m’a fait penser. Je vais lire ce roman dès que possible !

Goupette a dit…

N'hésitez pas à nous faire partager votre avis quand vous l'aurez lu !